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« Non, mon ami, l’homme n’est rien que par son cœur. J’aurais entre les mains la gloire de Napoléon, que je la donnerais toute pour le sourire d’une femme. J’aime la science parce que la science rend plus beau, mais à ma science, je préfère mille fois mon cœur. Et à cette heure, si l’on m’offrait d’échanger mon âme, que j’ai cultivée avec tant de soin depuis mon enfance, contre l’âme douce et naïve d’une humble femme qui ne sait qu’aimer, j’accepterais avec bonheur, et je me croirais plus riche aux yeux de Dieu par le seul sentiment d’un cœur simple que par tout un édifice de science péniblement amassé.

» Il faudrait parler la langue des anges