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mais fautive. Toute chose est excellemment ce qu’elle est ; il ne faut pas lui reprocher de n’être pas ce qu’elle n’est pas. Il y a des roses, il y a des violettes, il y a des œillets. Demandez à l’œillet pourquoi il n’a pas le parfum de la rose, à la violette pourquoi elle n’a pas les couleurs variées de l’œillet. Je suis ce que je suis, répondra-t-elle, et je n’aspire pas à être autre chose. Dans les œuvres d’art, il est de même impertinent de demander pourquoi une œuvre n’est qu’idéale, pourquoi telle autre n’est que sensuelle.

La critique consiste à maintenir en face les contradictoires, à ne laisser aucun élément de l’humanité étouffer l’autre. Le poète hausse les épaules sur le savant, parce qu’il ne le comprend pas, le savant sourit du poète, parce qu’il est fermé à la moitié de la nature humaine. Il en est de