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» Je ne suis ni sceptique ni mélancolique. Je suis convaincu que quand j’aime et quand j’admire la beauté, je touche et j’embrasse la réalité céleste. Je suis convaincu, que dans les vues générales que la science et la critique accumulent, il y a bien véritablement du vrai. Après ces moments de tension où m’a porté l’excès de la critique, j’éprouve une inexprimable consolation à me reporter sur la simple nature. Un arbre en fleur, deux oiseaux qui jouent ensemble, un petit lézard gris courant au soleil sur des ruines romaines, un petit agneau qui vient de naître, et essaie de se lever les yeux à peine ouverts, le bœuf accroupi entre les herbes des prés et levant majestueusement immobile son front mystique, un canard barbotant dans l’eau avec cette joyeuse petite façon vulgaire de prendre la vie, l’âne, la bonne