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rit des bons mots de Pulcinella ; mais que leur rire est différent du mien ! Leur rire est simple, et le mien est un rire de critique, un rire de curieux, d’érudit. Ces bonnes gens sont tout à Pulcinella, ils ne voient rien au delà de la naïve plénitude de leur joie.

» Mes propres sentiments deviennent ainsi pour moi un curieux sujet d’expérimentation. Ah ! plût à Dieu que je fusse délivré, un jour, une heure de moi-même, et que je pense avec la naïveté de l’enfant !

» On ne recommence pas deux fois le même rêve. Un jour, je vis en songe les cieux ouverts et la face des bienheureux. Je regrettai le réveil, et je voulus me rendormir pour continuer mon rêve. Vain espoir : la douce image avait fui pour toujours.

» Ainsi j’ai manqué ma vie. La fatalité