Page:Renan – Patrice, 1908.djvu/114

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

que celle du martyr. Que de fois, en parcourant cette galerie héroïque de Saint-Jean-le-Rond, où le rude pinceau de Pomerancio a exprimé en traits si terribles cette sanglante épopée du christianisme naissant, j’ai maudit notre critique de nous avoir rendu le martyre impossible. Le critique n’a pas besoin d’être martyr. Car il ne croit pas son opinion tellement vraie que l’opinion contraire ne le soit aussi un peu. Or, cela posé, pourquoi se faire tuer ? Il faut s’entendre. J’aurais été à la place de sainte Catherine, j’aurais dit aux philosophes : « Entendons-nous ; oui, en un sens, vous avez raison : je veux bien sacrifier à Jupiter. » Le martyr n’est pas critique ; il est absolu : on ne meurt pas pour quelque chose qu’on croit à moitié vrai.

» Je me mêle volontiers à la foule qui