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paraît si inexact, si partiel, je me donne si gauchement ce rôle, que je prends le parti de me taire, et alors on me tient bien et dûment pour un sot. Parlez-moi des béotiens. Ils ne doutent de rien, eux. Ils entrent avec leur grosse allure chez les délicats, ils affirment à tort et à travers, sans scrupules, sans égards pour les mille nuances fuyantes des choses.

» Ce n’est pas que, par moments, très souvent même, je ne m’échauffe, je ne me prononce avec vigueur par oui et non. Autrefois le défaut qu’on me reprochait était d’être affirmatif et tranchant, et les personnes qui me connaissent savent que c’est là encore un des traits de mon caractère. Mais cet élan n’est jamais simple et sans retour comme dans l’homme qui a conservé la naïveté de sa nature. Le regard critique suit immédiatement l’élan spon-