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« Quand je me prends à réfléchir sur ma propre existence, et sur mon histoire intérieure, j’éprouve beaucoup de tristesse, mais aucun remords. Le malheur de ma vie fut d’être trop critique. Il y a danger pour l’homme à avoir trop analysé ses propres ressorts et à voir clairement les fils de la machine. Qu’est-il arrivé ? J’ai tué en moi la jeunesse, la naïve spontanéité ; je ne puis m’échapper à moi-même. Ce qui fait l’énergie de la nature humaine, c’est sa naïveté ; je m’explique : tel homme combat et expose sa vie pour une opinion politique, cet homme est naïf, il croit avoir absolument raison : or, s’il était plus fin,