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— Une affaire ! Quelque nouvelle infamie, quelque complot contre Mme de Fressantel. Je veux savoir ce dont il s’agit.

— Mais, madame.

— Oh ! pas de réticences, sinon je vous fais garrotter et renfermer dans un caveau d’où vous ne sortirez pas, je vous le jure. Voyons, qu’avez-vous promis à M. de Fressantel ?

— De lui faire épouser sa tante.

— Par quels moyens ?

— Ah bah ! tenez, j’aime autant tout vous dire, car je vois bien que vous êtes rudement forte.

Il comprenait qu’il n’échapperait pas à ceux qui s’étaient aussi adroitement emparés de lui, et il ne rêvait plus qu’une seule chose : se tirer de là le mieux possible.

— J’attends, fit Marie sèchement.

Il raconta alors quel projet il avait formé à propos de l’enfant de Mme de Fressantel.

— M. de Fressantel a accepté ce marché infâme ? demanda la jeune femme.

— Je n’ai pas dit à M. Gaston comment je comptais m’y prendre.

— Je veux le croire pour son honneur, mais vous allez lui faire savoir que vous renoncez à le servir à propos de son mariage. Écrivez.

Elle lui montrait sur une table un buvard ouvert, où se trouvait du papier.

Il obéit. Sous la dictée de Marie, il griffonna quelques lignes pour apprendre au baron qu’obligé de quitter Paris immédiatement, il cessait d’être son valet de chambre.

— C’est bien ! dit Mlle Dutan, en mettant sous la même enveloppe que la lettre du neveu de la Fismoise l’engagement de M. de Fressantel. C’est moi qui ferai parvenir cela à son adresse. Maintenant, écoutez-moi. Si vous voulez me servir, vous ne perdrez pas tout : je vous donnerai cinq mille francs. Oh ! vous pouvez avoir confiance en ma parole. Avec moi, au moins, vous ne risquerez pas le bagne.

— Que faut-il faire, madame ? interrompit vivement Louis alléché par la promesse d’une pareille aubaine.

— Il faut m’aider à découvrir votre oncle. Moi, j’en fais mon affaire.

— Si c’est ce soir même que je vous mets en face de Pierre ?

— Si vous faites cela, vous toucherez immédiatement la somme promise. Tenez, je l’aurai sur moi ; ce sera donnant, donnant.

Et prenant cinq billets de mille francs dans un tiroir, elle les lui montra avant de les glisser dans son corsage.