— Alors, à ce soir ou à demain matin ! lui dit son maître en rentrant dans sa chambre,
— Pardon, monsieur, fit-il en le suivant ; nous avons un petit compte à régler.
— Quel compte ?
— Mais pour l’affaire en question.
— Quelle affaire ?
— Celle de Mme de Fressantel ! Vous voulez toujours l’épouser ?
— Plus que jamais.
— Alors monsieur le baron n’a pas oublié que je lui ai promis de faire réussir son mariage ?
— C’est vrai, mais tes moyens me semblent violents, et je ne sais trop si je dois continuer à accepter les services. La fin de cette pauvre Sarah me pèse sur le cœur. Si je ne t’avais pas dit combien je tenais à en être débarrassé, tu n’aurais pas écrit à son ancien amant… et elle vivrait encore.
— Oh ! n’ayez nulle crainte, monsieur ; il ne s’agit ni de voler, ni de tuer personne ; mais dans huit jours, votre tante vous offrira elle-même sa main et ses cent mille livres de rente.
— Tu es fou ! Comment t’y prendras-tu ?
— Ceci est mon secret.
— Et sans qu’elle y soit contrainte, en toute liberté, Mme de Fressantel m’épousera ?
— Sans qu’elle y soit contrainte. Elle vous aura, au contraire, une reconnaissance immense.
— Alors, agis à ta guise, mais tu sais ! pas la moindre violence envers Mme de Fressantel.
— C’est promis et convenu. Seulement, monsieur comprend qu’un service semblable ne se rend pas pour rien.
— Tu as raison, fais ton prix.
— Je veux vingt mille francs.
— Vingt mille francs ?
— Dame ! monsieur, ce n’est que la centième partie de la fortune que je vous aurai fait avoir.
— Tu comptes bien.
— Quand j’allais à l’école, je ne mordais qu’au calcul.