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— Je suis de l’avis de notre ami, dit le peintre.

— Donnez-moi votre parole d’honneur, monsieur Armand, que, si vous étiez dans la situation où je me trouve, vous adopteriez la conduite que me conseille M. Dormeuil.

— Je vous donne ma parole d’honneur de gentilhomme que je n’hésiterais pas à faire des excuses à M. de Platen.

— Soit alors, messieurs, agissez comme vous le jugerez convenable. Allez trouver MM. Gilbert et de Cerny, et dites-leur que je les autorise à proposer à M. de Platen que je lui fasse des excuses. Vous trouverez bien certainement à cette heure mes amis au café du Helder.

— C’est bien, mon enfant ; ce que tu fais là est digne de toi, exclama M. Dormeuil en pressant les mains de Raoul.

— Mais cette femme ! cette misérable ! s’écria le malheureux.

— Oh ! elle ne sera pas impunie : nous y aviserons.

Et, quittant M. de Ferney sur ces paroles, M. Dormeuil et l’artiste sautèrent en voiture pour se faire conduire au café du Helder.

MM. Gilbert et de Cerny causaient sur la terrasse avec quelques officiers de leurs amis.

M. de Serville, qui connaissait M. Gilbert, le prit à part et lui raconta ce qui s’était passé depuis le moment où M. de Ferney s’était présenté chez M. Dormeuil.

— Vous avez eu là, messieurs, une bonne inspiration, dit l’officier, et j’approuve absolument Raoul, dont la réputation est à l’abri de tout soupçon ; malheureusement je crains qu’il ne soit trop tard. De plus, nous avons affaire à des adversaires peu conciliants.

— M. de Platen, j’en suis convaincu, accepterait des excuses s’il y était quelque peu poussé par ses témoins, observa M. Dormeuil.

M. Gilbert appela M. de Cerny et lui répéta ce que venaient de lui communiquer les amis de Raoul.

— Je suis de votre avis, messieurs, dit aussitôt le sportsman. La difficulté est maintenant de mettre la main sur MM. du Charmil et de Fressantel.

— Ils sont en ce moment même au café Riche, où M. de Platen leur a donné rendez-vous, répondit l’avocat. M. de Platen, d’accord avec nous, sera en retard afin que vous puissiez entretenir ses amis.

— Alors ne perdons pas un instant. Vous, messieurs, ayez la bonté de nous attendre. Avant une demi-heure nous serons de retour.

Cinq minutes après, les témoins de Raoul et ceux de Romuald étaient réunis dans un petit salon à l’entresol du café Riche.