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ment de M. de Platen, je lui ai cherché querelle, et il est en droit de me demander réparation.

— Soit ! reprit M. de Cerny, ne parlons pas d’autre chose. Vous laissez à votre adversaire le choix des armes ?

— Oui complètement. Ses témoins, MM. du Charmil et de Fressantel, vous attendent à trois heures, rue du Helder, no 42.

Au nom des parrains de M. de Platen, M. de Cerny avait fait une moue très significative.

— Vous connaissez ces messieurs ? demanda M. de Ferney, à qui le jeu de physionomie de son ami n’avait pas échappé.

— Non, répondit M. Gilbert.

— Moi, je les connais, reprit le sportsman ; ce sont, deux personnages assez compromis. Enfin, qu’importe ! c’est l’affaire de M. de Platen. À trois heures précises, nous serons chez eux. Si vous revenez ici à quatre heures, nous vous dirons ce qui aura été décidé.

— Ce que vous ferez sera bien. Je tiens seulement à en terminer le plus tôt possible. Tâchez que ce soit pour demain matin dès l’aube, car il faut que j’entre chez le général à neuf heures…, à moins que M. de Platen ne m’ait tué ou blessé.

— Ah ! mon cher, ce n’est pas un adversaire digne de vous.

— Tant pis ! Alors, c’est entendu, à quatre heures.

Et M. de Ferney sortit pour sauter en voiture et se faire conduire chez M. Dormeuil, qui était pour lui comme un second père.

Mais l’avocat à la Cour de cassation était au Palais et ne devait pas rentrer avant cinq heures.

Cette circonstance, à laquelle il eût songé s’il avait réfléchi un instant, troubla Raoul, qui, plus calme depuis que ses témoins étaient chargés de s’entendre avec ceux de M. de Platen, songea alors, plus sérieusement que ne le lui avait permis jusque-là son exaltation, à la gravité et aux conséquences de son duel avec le jeune Russe.

Il lui fallut néanmoins retourner à l’hôtel de Bertout et faire là de violents efforts pour paraître calme devant le général et sa nièce.

il s’échappa aussitôt qu’il le put et, bien avant le moment indiqué, arriva chez M. de Cerny.

Celui-ci rentra enfin avec M. Gilbert. M. de Ferney apprit ce qui avait été arrêté.

L’arme choisie par M. de Platen était l’épée ; le duel devait avoir lieu le lendemain matin, dès l’aurore, dans l’île de Croissy.

— C’est fort bien, je viendrai vous prendre ici si vous le voulez, proposa Raoul