Page:René de Pont-Jest - Sang-Maudit.djvu/212

Cette page a été validée par deux contributeurs.

comme il s’agit de mon enfant, il faut que vous sachiez tout. Laissez-moi seulement vous demander votre parole de n’agir que d’accord avec moi contre la personne que je vous nommerai.

— Je vous le promets, répondit le chef de la Sûreté fort intrigué.

— Eh bien ! d’après ce que vous venez de me signaler, j’ai tout lieu de supposer qu’un autre qu’un voleur s’est introduit dans l’appartement de Mme de Ferney. Et d’ailleurs, pourquoi n’aurais-je pas le courage de tout vous dire : Mme de Ferney, que je viens de chasser de chez moi, était une épouse infidèle. Ne sont-ce pas les traces de son complice que vous avez découvertes dans le jardin !

— Vous ne croyez pas cet homme capable…

— Certes non !

— Cependant, n’est-il pas possible que surpris par votre fille… qui le connaissait ?

— Oui, parfaitement.

— N’est-il pas possible alors que, dans la crainte d’être dénoncé par elle, il l’ait enlevée ?

— Ah ! si cela pouvait être ! Ma fille ne courrait aucun danger et je la verrais bientôt, car cet homme sait, en ce moment, que je suis au courant de tout, et il n’a aucun intérêt à se rendre coupable d’un acte de séquestration que la loi punit sévèrement et qui, maintenant, ne lui servirait plus à rien.

— Oh ! pardon, monsieur, reprit vivement M. Claude qui, pendant, les explications de M. de Ferney, s’était livré à un travail rapide de déduction ; si vraiment quelqu’un s’est introduit chez vous dans la nuit du crime, ce ne peut être qu’avant les voleurs, et la scène est alors facile à reconstruire.

Bien que familiarisé avec ce genre de travail d’esprit, puisque lui-même, en sa qualité de magistrat, s’y était souvent livré, le pauvre père, émerveillé de la finesse du policier autant qu’intéressé par son récit, l’écoutait attentivement.

— La personne dont vous parlez, poursuivit le chef de la Sûreté, est venue la première ; les malfaiteurs, ou plutôt un des malfaiteurs la guettait par-dessus le mur ; les autres, s’ils étaient plusieurs, ce dont je doute maintenant, sont entrés par la porte laissée ouverte et ont attendu patiemment le départ de… l’amant, — je vous demande pardon, — pour suivre le chemin qu’ils avaient vu prendre. La différence des empreintes s’explique ainsi tout naturellement.

— Oui, les choses ont dû se passer de la sorte.

— Vous comprenez donc qu’il est nécessaire que j’interroge celui dont j’ignore le nom, et que je questionne Mme de Ferney elle-même.

— Je vous prie d’attendre vingt-quatre heures avant de les faire comparaître devant vous. Demain, j’aurai l’honneur de vous voir ou vous recevrez de moi une