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vait le témoin ; connaissant de plus la violence de son père, qu’elle savait capable de visiter tout l’appartement pour la trouver, elle s’était élancée au devant de lui, après avoir supplié M. Ronçay, d’un regard douloureux, de ne pas la suivre, de ne pas la rejoindre, quoi qu’il pût se passer.

Fort embarrassé de sa situation délicate et bien inattendue, Gilbert s’était incliné respectueusement sans répondre, si tenté qu’il fût de défendre cette enfant qu’il ne connaissait que depuis quelques minutes, mais vers laquelle l’attirait une invincible sympathie.

— Ah ! te voilà ! s’écria M. de Tiessant à la vue de sa fille. Ton mari est venu avec moi, il t’attend. Allons, va chercher ton fils et partons !

Il n’admettait pas que la chose fut discutable.

Accompagné de Mme  Bertin, dont il s’efforçait de calmer la juste indignation, le libraire de Coventry entra au même instant dans la salle à manger.

Un peu rassurée par l’arrivée de sa tante et de M. Noblet, la jeune femme répondit à son père, avec une certaine énergie :

— C’est à mon mari seul que je dois des explications !

Et s’adressant à ce dernier, elle poursuivit :

— La lettre que je vous ai adressée n’est pas le résultat d’un mouvement de mauvaise humeur ni d’un coup de tête, et personne ne m’a conseillée. J’ai mûrement et longuement réfléchi. Je regrette de vous faire quelque peine, mais ma résolution est