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déjà trouvé quelqu’un pour la faire souffrir. Il restait muet dans sa surprise, sa pitié et son admiration. Cependant il finit par lui dire :

— Madame, votre tante exprime mal les sentiments que je lui ai voués. J’ai pour elle, non pas un peu, mais beaucoup d’affection, une affection filiale, tout simplement parce qu’elle m’a témoigné, elle, une affection maternelle, et que je suis sans famille. Rien de ce qu’elle aime, de ce qui l’intéresse ne saurait donc m’être indifférent. C’est vous affirmer que la confidence qu’elle a bien voulu me faire m’a profondément ému. Maintenant que je vous ai vue, et si vous m’en jugez digne, je serai le plus dévoué, le plus sincère de vos amis.

Jamais un homme n’avait ainsi parlé à Éva, jamais de semblables paroles n’avaient frappé son oreille. Et elles étaient dites avec un tel accent de sympathie, de franchise et de loyauté qu’elle en était toute troublée, écoutait encore, alors que Ronçay ne parlait plus, et elle ne savait que répondre.

— Ne le voulez-vous pas ? lui demanda le sculpteur en s’approchant d’elle.

En prononçant ces mots il lui tendit la main ; elle y laissa tomber la sienne, simplement, avec un mouvement plein de confiance, comme le cœur pur va sans hésitation à ce qui est honnête et bon.

— Bravo ! la glace est rompue, s’écria Mme  Bertin, tout heureuse de voir enfin sourire sa nièce qui, depuis son arrivée chez elle, ne cessait de pleurer.

Au même instant deux coups de sonnette se suc-