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intelligente et jolie comme un ange ! Tenez, jugez-en vous-même ! Entre, ma chérie, entre donc !

Ces derniers mots s’adressaient à Éva qui, ne sachant pas qu’il s’y trouvait un visiteur, avait entr’ouvert la porte du salon et restait sur le seuil, tout interdite.

À l’invitation de sa tante, elle s’avança, et, après avoir répondu gracieusement au salut de Ronçay, qui s’était levé, elle dit à la sœur de sa mère, de cette voix musicale qui était un de ses grands charmes :

— Je vous demande pardon, je vous croyais seule.

— Tu t’es trompée et j’en suis enchantée, lui répondit en riant Mme  Bertin. Je te présente mon voisin, M. Gilbert Ronçay. Je t’ai déjà parlé de lui. Monsieur Ronçay, je vous présente ma nièce Éva, de qui je viens de vous raconter la douloureuse histoire.

— Oh ! ma tante, fit la jeune femme toute honteuse.

— Mon enfant, M. Ronçay n’est pas qu’un artiste de talent, c’est aussi et surtout un brave garçon que j’estime, et qui a pour moi, j’en suis certaine, un peu d’affection. Je n’ai donc pas commis une bien grosse indiscrétion en lui faisant part de tes malheurs.

Gilbert ne quittait pas des yeux Mme  Noblet, dont la beauté le frappait moins encore que l’expression de tristesse répandue sur son visage virginal. Il ne pouvait croire que si jeune, si séduisante, elle eût