Page:René de Pont-Jest - Le Serment d’Éva.djvu/83

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Mme  Bertin, jusqu’à ce que la justice eût statué sur son sort.

C’était la première chose que Mme  Noblet devait obtenir, afin d’avoir le droit de ne pas se soumettre à l’ordre de réintégrer le domicile conjugal que lui donnerait certainement son mari dès qu’il aurait connaissance de l’action intentée contre lui. Le savant avocat se chargeait de faire à ce sujet tout le nécessaire.

Il était également d’avis qu’en raison des motifs invoqués par la jeune femme, qui n’avait pas à se plaindre sérieusement de M. Noblet depuis qu’il l’avait épousée, elle devait en effet lui écrire pour l’informer de ses intentions. D’abord on verrait quelle serait sa réponse et on engagerait la lutte en conséquence ; ensuite, en agissant ainsi, elle irait au-devant du reproche d’avoir manqué d’égards envers un homme qui, sauf sur le point relatif à la légalité de son mariage, s’était montré meilleur que beaucoup d’autres.

Quarante-huit heures après cette consultation, le président des référés lui ayant accordé ce qu’elle désirait, Éva, pleine de confiance en l’avenir, écrivit à son mari une lettre calme, digne, sans récriminations inutiles.

Elle avait été mariée sans que son union eût été entourée de toutes les formalités exigées par la loi ; si elle n’avait osé résister ouvertement à son père, elle n’en avait pas moins été contrainte, et la vie commune ne lui offrant pas des compensations de