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lorsqu’elle se retrouvait seule, des cris d’horreur et des larmes de dégoût.

Pendant ce temps-là, Louis de Tiessant, resté le collaborateur de plusieurs journaux parisiens, mettait tous ses amis en mouvement pour obtenir sa grâce. L’empereur, qui pratiquait volontiers, on le sait, l’oubli des injures et dont personne n’a jamais nié la générosité, la lui accorda sans difficulté, et le pamphlétaire rentra à Paris.

Il en était parti dix-huit mois auparavant avec ses deux filles ; il y revenait seul avec sa femme, toujours soumise et douce, mais dont la santé, déjà si ébranlée par les chagrins, donna rapidement de grandes craintes.

Constamment seule, car son mari vivait tout à fait dehors, ne rentrant que le soir, souvent bourru et taciturne, et n’ayant d’autre amie que sa sœur, Mme  Bertin, la pauvre mère ne pouvait se consoler d’avoir été séparée de tous ses enfants, successivement, par la mort, le cloître et le mariage — Blanche venait de prendre le voile — et bientôt, atteinte d’une horrible maladie nerveuse, compliquée d’une anémie contre laquelle rien ne pouvait réagir, elle se mit au lit.

Trois mois plus tard, le médecin qui la soignait dit à M. de Tiessant qu’il n’avait que le temps de faire venir sa fille, car les jours de la malade étaient comptés.

Au lieu d’ouvrir les yeux du chef de famille dont les erreurs avaient été si désastreuses pour les siens, ce nouveau malheur l’irrita au contraire. Loin de s’en