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ménage. Aussi bientôt, revenant à une marotte qu’il avait toujours eue, s’imagina-t-il de se mettre à la recherche de systèmes pour gagner sûrement au jeu.

Pendant trois longs mois, il employa à cette étude absurde ses jours et une partie de ses nuits, et un matin, convaincu qu’il avait découvert une marche infaillible, il s’en fut à Bade, en compagnie d’un associé, Henri Noblet, que ses combinaisons pour faire sauter les banques allemandes avaient tout à fait séduit.

Ce Noblet, propriétaire d’une librairie assez bien achalandée dans Coventry, par conséquent voisin des Tiessant, avait alors une quarantaine d’années. D’origine française, et même Français par son état-civil, bien que sa mère l’eût mis au monde en Angleterre, il était, par son éducation et son tempérament, un de ces Anglais flegmatiques, guindés, sans grands défauts ni qualités saillantes, ce qui en fait des êtres insupportables. À part cela, d’une intelligence suffisante, facile à vivre, et très brave homme au fond, quoiqu’il considérât la femme comme de race inférieure et seulement bonne à garder la maison.

Enfin, fils d’un ancien serviteur de Charles X qui avait suivi son maître à Holy-Rood en 1830, Noblet était tout naturellement légitimiste et on pouvait le croire clérical. C’était de cette double communauté d’opinions qu’était née entre le père d’Éva et lui une liaison rapide.

Mme  de Tiessant et ses filles le connaissaient. C’é-