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elles, ou les envoyait dans un gymnase en compagnie de leur institutrice. Pendant les mois de juillet et d’août, il les conduisait à Dieppe ou au Tréport.

Blanche, elle, n’avait qu’un goût modéré pour les exercices violents, mais Éva, avant quinze ans, était déjà une amazone intrépide, une nageuse infatigable, une véritable petite sportswoman que tout le monde aimait et pourvoyait de roses qu’elle adorait avec passion et dont elle jonchait sa chambre, son lit même, ne croyant pas, ainsi que Sminiride, que le pli d’une fleur puisse empêcher de dormir.

Louis de Tiessant n’avait donc qu’à se louer du sort, puisque, vingt années à peine après son arrivée à Paris, il avait conquis une place honorable parmi les littérateurs de l’époque. Il était l’auteur de romans historiques bien écrits, avec un grand souci des caractères ; il collaborait aux publications les plus importantes et avait donné à plusieurs théâtres, à la Comédie-Française, entre autres, des ouvrages dont la réussite avait été fort productive.

Ces succès permettaient à l’ancien séminariste de vivre selon son goût inné pour le luxe et l’ostentation. D’une santé robuste, il menait de front le travail et le plaisir, recevant toutes les sommités artistiques, tenant table ouverte et sacrifiant volontiers, lui, le sage d’autrefois, à ces deux vices essentiellement parisiens : le jeu et les femmes ; mais néanmoins toujours sur la brèche littéraire, fidèle à ses opinions politiques ainsi qu’à sa foi religieuse, et