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lui demandait d’accomplir sa prophétie. Le cœur de ceux qui l’écoutaient avait bondi de patriotisme, et lorsqu’ils eurent baisé l’anneau de Saint-Pierre qu’il portait à l’index de la main droite, Pie IX ajouta en s’adressant à Éva, avec un accent plus doux, plus consolateur encore :

— Ne désespérez pas, vous guérirez avec l’aide de Dieu, et consacrerez votre vie à l’interprétation des grands poètes croyants de votre pays. La foi est la source de tous les courages !

Parlant ensuite à Ronçay :

— Vous êtes un sculpteur de talent, vous voyez que je vous connais tous les deux ; ne laissez pas l’art de Michel-Ange s’abaisser aux reproductions profanes et impies, mais demandez à l’histoire et à la religion seules l’inspiration qui vous permettra de créer des œuvres durables.

Et à tous deux :

— Pleins de confiance en la miséricorde divine qui, par ma voix, vous pardonne, allez en paix vers cette terre de France pour laquelle le prisonnier du Vatican prie sans cesse, oubliant ses fautes pour se souvenir qu’elle est toujours, dans son cœur, la fille aînée de l’Église.

Et ces mots prononcés avec tendresse, le Saint-Père regagna son siège, d’où, d’un ineffable sourire, il congédia ceux qu’il avait bénis.

Mme  Daltès et Ronçay s’étaient relevés. Après s’être inclinés une dernière fois devant Pie IX, ils s’éloignèrent lentement, l’âme à ce point envahie que,