Page:René de Pont-Jest - Le Serment d’Éva.djvu/43

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Ne nous avez-vous pas appris, Saint-Père, à braver tous les orages ? répondit Éva en tombant à genoux.

Au moment même, un fulgurant éclair incendia l’espace et un effroyable coup de tonnerre ébranla le palais de Sixte-Quint.

La tempête était dans toute sa fureur.

Mme Daltès se signa dévotement, Gilbert s’agenouilla près d’elle, et Pie IX, la physionomie empreinte d’une incommensurable bonté, étendit les bras vers eux, comme pour les défendre contre la colère des éléments déchaînés.

Seuls, les grondements de la foudre troublaient le silence de cette scène, et ce fut, pendant quelques instants, un spectacle de nature à frapper les plus sceptiques que celui de ces deux êtres jeunes et beaux, dont l’un se croyait si près de la mort, aux pieds de ce vieillard que le feu du ciel semblait couronner d’un nimbe éblouissant pour en mieux faire saisir l’impérissable et divine majesté.

Puis, l’orage semblant un peu faire trêve, le Souverain-Pontife se leva, vint aux agenouillés et leur dit d’une voix paternelle, les mains pleines de pardons, au-dessus de leurs fronts courbés :

— Je vous bénis tous deux, ainsi que tout ce que vous portez sur vous, et je bénis en vous tous ceux qui vous sont chers. Je bénis aussi votre patrie ; elle a été bien malheureuse ; Dieu l’a punie sévèrement, mais elle se relèvera !

Le Pape avait prononcé ces mots avec un accent inspiré et ses regards tournés vers le Christ, comme s’il