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pagnait. Une puissance mystérieuse semblait l’attirer, tant elle allait sans hésitation, comme si elle n’eût pas besoin qu’on lui indiquât la route qu’elle avait à suivre.

Elle prend ainsi le passage conduisant au portique des loges du premier étage, qui donnent sur la cour de Saint-Damase laisse à sa gauche la galerie des inscriptions, ne lève pas un instant les yeux vers les fresques de Raphaël que Murat, alors qu’il était roi de Naples, a fait recouvrir de vitrages, pour les défendre contre l’intempérie des saisons, gagne l’escalier papal qu’elle gravit sans effort et, passant devant les hallebardiers en faction, elle arrive enfin, mystique, hallucinée, dans la salle Clémentine, c’est-à-dire dans le palais de Sixte-Quint, que ses successeurs habitent aujourd’hui.

Les porteurs du Souverain-Pontife, les sediari, habillés de satin cramoisi, sont groupés, silencieux et immobiles, dans un des angles de la pièce, autour d’un grand brasero de cuivre ; un religieux, le général des Dominicains, qui, lui aussi, a audience pour ce jour-là, se promène avec un des dignitaires du palais. Les deux prêtres parlent bas, personne n’élevant jamais la voix dans la demeure du chef de l’Église.

C’est à peine si les pas y résonnent sur les dalles sonores ; on y glisse comme des ombres ; les portes s’y ouvrent et s’y ferment sans bruit ; le jour même n’y entre que mystérieux, à demi voilé. Tout y commande le respect, l’humilité, le recueillement.

À cet instant Ronçay se rapproche vivement de la