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Ni Ronçay, ni Bernel, ni Mme  Bertin ne quittaient la chambre, et, par moments, Pierre, la physionomie bouleversée, apparaissait sur le pas de porte, mais pour s’enfuir bien vite, afin de pouvoir sangloter tout à son aise.

Les choses durèrent ainsi toute la journée, mais le soir, les mouvements d’Éva se ralentirent, ses paroles s’espacèrent, sa voix devint lourde, hésitante, et l’expression douloureuse de ses traits s’affaiblit ; puis, peu à peu, tout en continuant de remuer, ses lèvres ne laissèrent plus échapper aucun son, et, soudain, sa bouche demeura entr’ouverte comme dans un cas subit de catalepsie. Elle venait de rendre le dernier soupir !

Gilbert le comprit et s’affaissa lourdement sur le lit en gémissant :

— Mon Dieu ! Qu’est-ce que je vais devenir ? Éva, ma pauvre Éva !

Mme  Bertin et Jeanne s’agenouillèrent en pleurant.

Quelques instants après, Bernel, qui ne cherchait pas à dissimuler sa douleur, entraîna son ami. Ils laissaient la morte aux soins de sa tante, de sa femme de chambre et de la vieille Catherine, qui allaient la parer pour le cercueil.

Le désespoir de l’amant était horrible. Il allait et venait dans le parterre, à grands pas, comme un fou, sans prononcer une parole, sans verser une larme.

Lorsque Raymond le força de rentrer, dans l’espoir qu’il se déciderait à prendre quelques instants de repos, il lui échappa et, s’élançant dans la cham-