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si suppliants ; elle me serrait si tendrement sur son cœur que je sentais battre ! J’ai cédé, je lui ai promis que… Qu’importe qu’une pauvre créature comme moi se livre ! Et puis me donner à vous, à sa prière, pour la calmer, pour vous rendre le bonheur à tous les deux, je croyais que c’était faire une bonne action ! Je vous aime tant, elle et vous ! Vous n’avez pas voulu de moi. Comme elle sera heureuse quand je lui dirai que vous m’avez repoussée avec horreur !

— Ah ! brave fille ! brave fille ! fit Ronçay en prenant Jeanne entre ses bras et en couvrant son front et ses joues de ses baisers fraternels. Non, ce n’est pas avec horreur que je t’ai refusée, car tu es jeune et belle, faite pour être aimée ! Je t’ai repoussée parce que ma pauvre Éva se trompe, que sa tendresse inquiète l’égare, et que, si elle ne peut plus être à moi, je ne saurais, moi, me donner à une autre, ni maintenant, ni jamais !

— Ah ! Gilbert, Gilbert !

Et Mlle  de Tiessant, qui s’était traînée, la jalousie lui en ayant donné la force, de la fenêtre de sa chambre jusqu’au kiosque, et qui avait tout entendu, Mlle  de Tiessant tomba aux pieds du créole, le sourire aux lèvres, ses beaux yeux pleins de larmes de reconnaissance, folle de bonheur, se sentant mourir, mais remerciant le Ciel de la faire mourir dans une telle ivresse.

— Malheureuse enfant ! s’écria Ronçay en la relevant pour l’étendre sur le divan, pourquoi es-tu venue ?