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des gens que le calme de cette frêle jeune femme émerveillait, elle franchit le seuil du palais et pénétra dans la grande galerie qui prend jour par de larges baies sur le parvis de la basilique et conduit directement à l’escalier royal.

À quelques pas, à droite, devant le poste des gardes, se tenaient gravement des soldats suisses, dans le costume que dessina pour eux Michel-Ange. Avec leurs justaucorps rayés bleu, jaune et rouge, leurs casques de cuivre à cimier de crin blanc ou leurs bérets moyen âge, la double fraise au col et la hallebarde au poing, on eût dit qu’ils étaient la personnification d’une époque immuable dans sa foi et les gardiens incorruptibles de la prison des chefs de l’Église.

Ronçay présenta sa lettre d’audience à l’officier de service, en uniforme rouge, qui en prit connaissance, la lui rendit et salua.

Mme Daltès, que ce premier pas dans le Vatican impressionnait déjà, se rapprocha aussitôt de son compagnon, comme si elle craignait d’avoir besoin de son aide, et ils se dirigèrent vers l’extrémité de la galerie.

Arrivés au pied de l’escalier royal, qui est de l’avant-dernier siècle, mais dont la voûte n’en est pas moins ornée des armes de Sixte-Quint, le chef temporel le plus énergique qu’ait eu la chrétienté, ils en commencèrent lentement l’ascension, sans même avoir jeté un regard sur cette œuvre magistrale du Bernin : la statue équestre de Constantin le Grand,