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Et, se retournant vers son aînée, elle ajouta avec un rayonnement d’orgueil maternel :

— Est-elle assez jolie, ma fillette ! Je lui ai donné ton nom. Il me semble que cela me la fait aimer davantage encore !

— Eh bien ! reprit la religieuse d’une voix grave qui fit tressaillir la malade, c’est cette enfant même qui me rappelle à mes devoirs et au but de mon voyage à Paris.

— Quels devoirs, quel but ?

— Ma chère Éva, Dieu t’envoie les épreuves que tu subis en ce moment pour que tu reviennes à lui, pour que tu songes à te réconcilier avec le ciel.

— Mais je n’ai jamais abandonné Dieu ! Crois-tu donc que je n’aie pas conservé les sentiments religieux de mon enfance ? Ah ! la faute que j’ai commise, je te jure que je l’avais déjà expiée par la souffrance avant de recevoir la bénédiction de Pie IX et que je continue à l’expier cruellement tous les jours ! Si tu savais, si tu savais !

— Je te plains de toute mon âme de chrétienne et de sœur. Nul pécheur ne peut plus justement que toi compter sur la miséricorde céleste, j’en ai la conviction ; mais avant toute chose, il faut t’en rendre digne par un dernier sacrifice. Pour prouver la sincérité de ton repentir, il faut rentrer dans la vie régulière et profiter des longs jours que tu as encore à vivre pour racheter tes erreurs.

— Mes longs jours ! Tu sais bien que je suis