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soie bleu pâle, coiffée à ravir de ses seuls superbes cheveux nattés et réunis en masse épaisse sur sa nuque, chaussée de bas de soie et de petites mules brodées d’or, un peu de rouge aux lèvres et de poudre de riz sur les joues, le jeune femme restait adorablement jolie.

Toujours hantée sans doute, malgré son serment, par ce désir qu’un jour, à Rome, elle avait exprimé passionnément à Gilbert : « Je voudrais être belle même dans mon linceul ; morte, je voudrais te plaire encore », elle demeurait coquette et avait de sa beauté les mêmes soins qu’aux plus enivrantes heures d’autrefois.

Pour ceux qui ne la voyaient pas constamment et ne savaient rien de sa maladie, son état de santé ne se trahissait que par son amaigrissement, une sorte de lourdeur, d’hésitation dans les gestes, un teint terreux, des regards brillants et une contraction pupillaire très apparente ; ces deux derniers phénomènes provoqués par la morphine, à laquelle il fallait bien avoir recours lorsque les souffrances menaçaient d’entraîner la patiente à des mouvements brusques ou à de violents efforts, de nature à provoquer, du côté du cœur, les accidents les plus graves, mortels peut-être.

— Comme te voilà belle, ma chérie, dit Mme  Bertin à sa nièce, en la voyant si élégamment mise. Cela se trouve à merveille, car je t’annonce une visite qui te fera grand plaisir.

— Une visite ! fit Éva, joyeuse.