de sa sœur, dans la crainte que cette visite, à laquelle personne ne pouvait s’attendre, ne lui causât une dangereuse émotion.
En embrassant la religieuse, la veuve la pria donc de parler à voix basse et, après l’avoir emmenée, par une allée détournée, dans le fond du jardin, elle lui demanda :
— Comment se fait-il que tu ne sois pas à Chartres, que tu saches la maladie d’Éva ? Que veux-tu lui dire ? Les médecins recommandent avant tout d’éloigner d’elle toutes les causes de chagrin, et je n’ose prendre sur moi…
— Ma tante, interrompit sœur Marie de la Miséricorde d’une voix douce, insinuante, mais aussi avec une certaine fermeté, je viens remplir ici un devoir de chrétienne et de sœur. Mon père a appris, je ne sais par quelle voie, que notre chère Éva est perdue et…
— Mais non, elle n’est pas perdue ! Tu te trompes, heureusement !
— Enfin, qu’elle est très gravement malade. M. de Tiessant me l’a écrit, et je suis venue pour l’embrasser.
— Pour cela seulement ?
— Ma sœur n’est pas seule ici.
— Non certes, puisque je vis auprès d’elle.
— Je ne parle pas de toi.
— Ah ! je te comprends. Écoute-moi : Tu sais si je crois en Dieu et si je suis une honnête femme. Eh bien ! je considérerais comme une mauvaise action,