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louses s’étendaient épaisses, diaprées de primevères et de marguerites, et les taillis, déjà feuillus, étaient peuplés d’oiseaux qui chantaient le printemps.

Éva avait fait découvrir le landau pour jouir complètement de ce spectacle dont elle était privée depuis si longtemps, car, à Paris, elle ne sortait pas, et elle aspirait à pleins poumons cet air vivifiant, le sourire aux lèvres, des larmes de bonheur plein les yeux, oubliant peut-être son serment, tant elle était tout entière à ce renouveau de la nature qui se glissait en son corps et dans son âme.

Ils traversèrent ainsi le bois sans que la malade parût ressentir aucune fatigue et arrivèrent à Nogent.

Là, après avoir dépassé la gare, ils descendirent vers la Marne par une route assez rapide que bordaient de jolies habitations cachées comme des nids dans les arbres, passèrent le petit bras de la rivière sur un pont rustique, et tournèrent à gauche pour suivre, sous une voûte de feuillage, un chemin où deux voitures n’auraient pu marcher de front.

Deux cents pas plus loin, ils franchirent une grille flanquée de deux grands peupliers et contre laquelle Pierre et Jeanne attendaient leurs maîtres, et ils s’arrêtèrent enfin devant un perron, dont chaque marche était ornée d’un vase de faïence plein de giroflées en fleurs.

Gilbert sauta à terre, aida son amie à descendre du landau, et, passant son bras sous le sien, lui fit monter l’escalier pour l’introduire au rez-de-chaussée, dans un grand salon qui avait été transformé en