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de mieux ? Il me semble que tu as maintenant toutes les meilleures raisons du monde pour reprendre courage. D’ailleurs, c’est là un exemple que tu dois donner.

— Oui, c’est vrai, je te demande pardon, se décida enfin à répondre Gilbert ; mais c’est qu’il n’y a pas que la double maladie que vous avez constatée chez Éva qui m’inquiète !

— Ah bah ! Quoi donc encore ?

— Il y a l’état de son esprit.

— L’état de son esprit !… Elle, si courageuse, aurait peur ?

— Oh ! non ! non, bien au contraire !

— Je ne comprends pas.

— Je veux dire que nous aurons beau l’installer à la campagne, l’entourer de soins, lui prouver qu’elle peut guérir ; nous ne la délivrerons pas d’un mal nouveau, tout moral, mais que je considère comme plus grave encore que les autres : ses idées mystiques, sa crainte de la damnation, ses remords de ce qu’elle appelle sa chute. Voilà qui la tuera, si la science la sauve !

— Qu’est-ce que c’est que toutes ces folies-là ?

— Ce ne sont pas des folies, hélas ! Écoute-moi.

Gilbert, d’une voix sombre, raconta alors au docteur l’audience de Pie IX, l’état d’exaltation dans lequel Mlle  de Tiessant était sortie du Vatican et la scène qu’il avait eue avec elle en rentrant à l’hôtel.

— Et c’est parce qu’elle a refusé de t’embrasser… tendrement que tu te mets ainsi l’âme à l’envers, fit