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la dernière lettre de son père, de ses longues visites aux églises et de ses élans de piété qui, parfois, la faisaient se jeter à genoux pour demander à Dieu le pardon de ses fautes ; cela, à haute voix, en pleurant, comme aux prises avec d’indicibles terreurs.

Ronçay résolut donc de partir le plus tôt possible, et, le surlendemain de son arrivée, il le proposa à son amie, qui lui répondit :

— Tu penses si, moi aussi, j’ai hâte de rentrer chez moi, chez nous, mais je ne veux pas quitter Rome sans faire mes adieux au public. Il a été si bon pour moi !

— Comment l’entends-tu ?

— Je désire donner une dernière représentation ; je voudrais jouer une dernière fois Froufrou.

— Froufrou ! Toujours ce nom !

— Oh, ! je te demande pardon !

— Mais ce n’est pas possible ! La fatigue et l’émotion te rendront plus souffrante encore.

— Je t’en supplie ! Et puis, vois-tu, je jouerai au bénéfice des pauvres ; cela me portera bonheur ! Ils prieront pour moi. Tu ne veux donc pas que je guérisse, que je redevienne belle et que je t’adore comme autrefois, à Plouenec ! Te souviens-tu comme nous étions heureux, là-bas, en face de la mer ! Qui sait si ce bonheur-là ne nous sera pas rendu bientôt ?

— Je l’espère bien !

— D’ailleurs, tout est arrangé. Ah ! j’avais formé ce grand projet-là avant ton arrivée, avant d’avoir lu