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téressante, car elle était adressée au prince Charles Bonaparte, à qui le sculpteur demandait de reporter sur Mme  Daltès un peu de l’intérêt bienveillant qu’il avait daigné lui témoigner pendant son séjour à la villa Médicis.

Ronçay connaissait l’indulgence et la bonté du petit-fils de Lucien ; il était certain que, dès qu’il aurait vu Éva, il la jugerait digne de son estime ainsi que de sa protection, et qu’il l’excuserait de la lui avoir recommandée.

C’est en effet ce qui arriva. Le prince Charles, qui s’intéressait à tout ce qui venait de France, fut des premiers à prôner le talent, la beauté, la distinction de la jeune comédienne, et moins de vingt jours après ses débuts à Rome, elle avait remporté succès sur succès et conquis non seulement le public, mais aussi les sympathies des femmes de l’aristocratie romaine.

De plus, les journaux parisiens qu’on ne manquait pas de lui faire parvenir, reproduisaient les articles élogieux que lui consacraient les feuilles italiennes : son engagement au Gymnase ou dans tout autre théâtre du même genre serait bien certainement la conséquence de sa campagne artistique à l’étranger ; ainsi qu’elle l’ambitionnait, elle rentrerait enfin à Paris pour prendre rang parmi les étoiles dramatiques du jour, et alors elle aurait vraiment le droit d’aimer, tête haute, car elle apporterait dans sa liaison irrégulière sa part de gloire et de bien-être.

Chaque jour le rapprochait de cet horizon radieux,