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que je vous ai fait toutes ces questions-là. Je la verrai demain dans la matinée.

Assez inquiète, Jeanne remit l’ordonnance à l’un des garçons de l’hôtel et elle remonta bien vite auprès de sa maîtresse. Elle dormait déjà, mais d’un sommeil agité et aux prises sans doute avec un rêve douloureux, car des larmes abondantes s’échappaient de ses paupières closes.

C’est que si la fatigue avait brisé son corps, elle avait laissé à son esprit toute sa lucidité pour souffrir !

En effet, la première chose que fit Éva en se réveillant fut de relire la lettre de son père, et ces terribles lignes lui rappelant qu’elle restait seule de cette famille nombreuse dont le ciel avait si cruellement frappé les membres les plus innocents, elle se demanda de quel châtiment, elle, si coupable, serait punie un jour.

Ces pensées la ramenaient aux croyances et aux superstitions de son enfance ; elles l’entraînaient vers le mysticisme auquel elle était naturellement disposée, et déjà elle entrevoyait avec épouvante les peines éternelles de la damnation.

Alors, épouvantée, elle appela à son aide le souvenir de Gilbert, s’y réfugia comme dans une forteresse inexpugnable, et le calme, se fit bientôt, en son cœur que l’amour occupait encore tout entier.

Le lendemain matin, vers dix heures, M. Pagani revint à l’hôtel. Pour la première fois, Mme Daltès se laissa docilement ausculter et répondit à toutes les