Page:René de Pont-Jest - Le Serment d’Éva.djvu/253

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

curieux ; il se mit à l’étudier, tout à la fois en ami et en médecin, et bientôt il comprit que cette exaltation, ce besoin de mouvement, cette recherche d’émotions n’étaient que le fait d’une surabondance de sève et de vitalité chez ces deux êtres jeunes et passionnément épris, qui avaient été condamnés à un calme relatif pendant de longs mois.

Il n’y avait donc là rien d’inquiétant, et Raymond se contentait de plaisanter de temps en temps les deux affolés, quand un jour qu’Éva, précédant Ronçay d’une centaine de brasses, venait de regagner le rivage, après avoir fait dans la baie une de ces courses à la nage qui lui valaient l’admiration des pêcheurs, elle devint tout à coup pâle et porta la main à sa poitrine en jetant un cri de souffrance.

— Qu’avez-vous ? lui demanda Bernel, en lui offrant le bras, pendant que Jeanne lui jetait un peignoir sur ses épaules.

— Je ne sais, répondit la jeune femme ; on dirait que j’ai là comme un poids énorme. Voilà déjà plusieurs fois que j’éprouve cette espèce d’étouffement ; mais ça ne dure qu’un instant. Tenez, c’est déjà fini. Surtout pas un mot à Gilbert ! C’est curieux, je ne souffre plus du tout !

En effet, le sang était remonté à ses joues, et elle riait, en répétant :

— Je vous en prie, ne lui dites rien.

— Je vous le promets, à la condition, toutefois, que nous recauserons de cela !

— Oh ! quand vous voudrez. Chut !