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Huit jours après, ils étaient de retour à Paris.

À peine réinstallée au boulevard des Invalides, à la grande joie de Mme  Bertin, que l’absence de sa nièce et de sa fillette avait laissée bien seule, Mlle  de Tiessant revint à ses projets de théâtre. Les ivresses de son séjour à Plouenec n’avaient pas modifié ses idées, bien au contraire. C’était en quelque sorte en raison même de son amour croissant pour Ronçay qu’elle tenait encore davantage à se créer une situation indépendante.

Elle vit d’abord son professeur et le directeur de l’Odéon, et quand tout fut convenu avec eux pour ses débuts, qui devaient avoir lieu dans le répertoire classique, en attendant, ce qui ne tarderait pas, qu’un auteur lui confiât une création importante, elle se décida, n’osant aborder brusquement la question avec son amant, à faire part de ses projets au docteur Bernel. Elle savait quelle influence il avait sur son ami et elle espérait bien s’en faire un auxiliaire.

Dans ce but, un matin que Raymond était venu pour serrer la main de Gilbert, Éva le pria de monter dans son appartement, sous le prétexte de voir Blanche, qui était un peu souffrante, et là, après lui avoir communiqué la lettre de M. de Tiessant, dont les grossièretés ne provoquèrent qu’un mouvement de dégoût de la part du savant médecin, elle lui ouvrit complètement son cœur ; puis elle termina en ces termes :

— Ne m’approuvez-vous pas ? Ne dois-je pas à ma