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arrivés et qu’elle ne devait débuter qu’au commencement de l’hiver, elle garda le silence, poursuivit secrètement ses études, et quand le moment de quitter Paris pour le bord de la mer fut venu, elle se contenta d’emporter ses auteurs favoris, remettant à l’époque de son retour pour prendre une décision.

Lorsque Ronçay et Mlle de Tiessant avaient organisé leur existence, ils avaient décidé qu’ils passeraient tous les ans deux mois sur une plage quelconque, pourvu qu’elle ne fût pas mondaine.

L’année précédente, ils étaient allés à Cayeux, dont la clientèle se composait alors en grande partie d’artistes ; mais cette côte de galets et de sable, monotone, aride, sans falaises ni pittoresque, ne les avaient pas séduits. Ils se dirigèrent cette fois vers la Bretagne qu’ils ne connaissaient ni l’un ni l’autre.

Il était convenu qu’ils s’en iraient, sans but arrêté, à la découverte, jusqu’à ce qu’ils eussent rencontré un endroit tout à fait à leur gré. Éva le désirait isolé, plein de légendes. Blanche, qui allait avoir deux ans, était du voyage, ainsi que Pierre et Jeanne.

Les touristes parisiens s’en furent d’abord tout droit à Saint-Malo, et, de là, par le bateau à vapeur, à Dinard, où ils se procurèrent un grand landau dans lequel ils commencèrent à suivre la côte à petites journées.

Ils s’arrêtaient dans les moindres hameaux, trouvaient un charme infini dans l’hospitalité qu’ils recevaient chez de pauvres pêcheurs, et, pour rejoindre le rivage, dont de profondes déchirures, des