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jalousie, le respect de son nom, il n’en obtint rien et fut forcé de partir sans armes contre celle qui ne demandait à son père que de l’oublier tout à fait.

Le lendemain du retour du publiciste à Paris, Éva eut la triste preuve qu’il en était autrement, car la poste lui apporta ces horribles lignes :


« La première chose que j’apprends en revenant en France, c’est que, loin de te repentir de tes premières fautes, tu affiches publiquement les relations coupables qui t’ont valu la honte d’une condamnation et l’emprisonnement.

« Que tu en sois arrivée là par passion, c’est affaire de conscience pour toi ; mais que tu vives à la charge d’un amant, toi qui es jeune et forte, pouvant demander des moyens d’existence au travail, grâce à l’éducation que je t’ai fait donner, voilà qui est incompatible avec ton orgueil et le peu de respect de toi-même qui devrait te rester au milieu de ton abaissement.

« Fille ingrate, épouse adultère, femme entretenue, rien ne manque à ta chute ! Le couvent était le seul asile qui te fût ouvert. Tu lui as préféré le concubinage, sans être arrêtée par la mémoire de ta mère et de ta sœur qui prient pour toi !

« Jusqu’où descendras-tu ? Dieu le sait, mais tu auras en lui un juge plus inflexible encore que ceux qui déjà t’ont flétrie !

« Réfléchis, rentre en toi-même, et tu ne retarderas pas d’une seconde pour jeter loin de toi ce manteau