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mire blanc, elle était étendue sur une chaise longue, elle se redressa et, devinant au sourire bienveillant de son illustre compatriote qu’il avait réussi dans la démarche dont il s’était chargé, elle se leva vivement pour aller à lui ; mais, l’émotion paralysant ses forces, elle retomba en arrière en répétant avec une expression de reconnaissance infinie :

— Ah ! Monseigneur, merci ! merci !

Et comme Ronçay s’était élancé vers elle pour la soutenir, elle jeta passionnément ses bras à son cou et murmura à son oreille, de sa douce voix d’enfant gâtée :

— Pardonne-moi de ne t’avoir rien dit, j’avais si peur d’être grondée !

Éva Daltès avait à cette époque vingt-cinq ans à peine, et si on ne pouvait dire qu’elle était belle, dans l’acception rigoureuse du mot, car elle était d’une stature un peu au-dessous de la moyenne, ce qui l’avait toujours désespérée, elle était du moins adorablement jolie.

L’ovale de son visage était d’une rare perfection, en quelque sorte virginal. Ses grands yeux bruns, frangés de longs cils recourbés, avaient, selon les émotions qu’éprouvait son âme, des regards d’une douceur infinie ou d’une étrange sévérité. Sa bouche fraîche, souriante, sous le léger duvet qui surmontait sa lèvre supérieure, autre cause de chagrin pour elle, était d’un dessin correct ainsi que son nez droit aux ailes mobiles et sensuelles. Ses dents étaient petites, bien rangées, d’un blanc laiteux, et ses