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leurs, le tribunal l’avait ordonné ; on ne lui désapprendrait pas à l’aimer, et son père l’entourerait de soins. En grandissant, Robert ne l’oublierait pas, et qui sait si, plus tard, en vertu de ce lien si puissant qui unit les enfants aux mères, il ne lui reviendrait pas tout entier ?

Un peu consolée par ces rêves d’espérance et rassurée à l’égard de Mme  Bertin, qui, ne pouvant venir cette après-midi, puisqu’elle était venue la veille, lui avait envoyé une dépêche pour l’exhorter de nouveau à ne pas se laisser abattre, la prisonnière avait passé la journée dans un état d’esprit relativement calme, lorsque, vers quatre heures, la religieuse commise à son service ouvrit la porte de sa cellule et lui annonça que le directeur de Saint-Lazare la demandait dans son cabinet.

Bien qu’elle ne comprît rien à cette invitation inattendue, la malheureuse laissa aussitôt l’ouvrage de broderie auquel elle travaillait près de la fenêtre, jeta un vêtement sur ses épaules, une mantille sur sa tête, et descendit au rez-de-chaussée, accompagnée par sœur Sainte-Geneviève.

M. Roussel attendait sa pensionnaire sur le pas de la porte de son bureau ; il l’y fit entrer et lui dit avec bienveillance :

— Madame, je vous ai fait appeler pour vous donner une bonne nouvelle.

— Une bonne nouvelle, fit la jeune femme, en hochant tristement la tête ; une bonne nouvelle, à moi ?