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quand, la journée s’avançant, elle ne vit personne, elle commença à s’inquiéter.

Sa vieille parente, si éprouvée depuis plusieurs mois, était peut-être souffrante ? Non, elle le lui aurait fait savoir par un mot qu’aurait apporté Jeanne en lui amenant son fils. Alors, Robert était malade ? Non, non encore ! Mme  Bertin serait venue elle-même la rassurer ! Que se passait-il donc ? Et l’angoisse la saisit.

Ses yeux ne quittaient plus les aiguilles de sa montre, qui marchaient trop vite à son gré. Elle prêtait l’oreille aux moindres bruits du couloir. Mais, rien, toujours rien ! Or les règlements allaient fermer les portes de Saint-Lazare, et elle passerait la nuit sans avoir vu son enfant, sans l’avoir embrassé ! Comment aurait-elle le courage d’attendre le lendemain ? Cependant, que faire ? Envoyer une dépêche ? Oui, et elle s’y était décidée, quand tout à coup la porte de sa cellule s’ouvrit devant Mme  Bertin. Mais au lieu d’entrer, la veuve restait sur le seuil de la pièce, livide, tremblante, obligée de s’appuyer contre la muraille.

Mme  Noblet s’élança vers elle pour la soutenir et, s’apercevant alors qu’elle était seule, elle lui demanda, tout inquiète :

— Pourquoi n’as-tu pas amené Robert ? Est-ce qu’il est malade ?

— Non, gémit la brave femme… mais.

— Quoi donc ? Parle, je t’en prie !

— Ils sont venus le chercher ce matin !