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Sœur Sainte-Marthe comprit qu’il serait inutile de lutter contre cette première explosion de douleur et se retira, mais en laissant la porte de la chambre entr’ouverte, afin de pouvoir surveiller l’infortunée.

Quand elle revint, une trentaine de minutes plus tard à peu près, à l’heure réglementaire de la fermeture des cellules, elle trouva la jeune femme plus calme, parvint à lui faire accepter un potage et, lorsqu’elle eut pris ce repas sommaire, la supérieure s’agenouilla avec elle pour la prière du soir. Elle l’aida ensuite à se mettre au lit, lui adressa de nouveau quelques douces paroles et s’éloigna, sur la pointe des pieds, comme une mère du berceau de l’enfant dont elle craint de troubler le sommeil.

Pleine de reconnaissance et de résignation, Éva demeura immobile, résignée, et quelques instants s’étaient passés ainsi, lorsque soudain elle entendit la serrure de sa porte grincer sous deux tours de clef, en même temps que, par une coïncidence inexplicable, comme si la nuit même conspirait contre elle, la veilleuse qui brûlait dans sa chambre s’éteignit, la laissant dans une obscurité complète.

Alors il lui sembla que tout était vraiment fini, qu’elle était à jamais séparée de son fils, de sa tante, de tous ceux qui lui étaient chers ! Elle étouffa un cri et ferma les yeux, prête à mourir !

Mais Mlle de Tiessant, heureusement, avait reçu une éducation virile ; elle était née brave et, dès son enfance, avait ignoré la peur ; sans quoi, dans la situation d’âme où elle se trouvait, les ténèbres se se-