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un poêle de faïence et quelques ustensiles de toilette. Tout cela propre, en excellent état, ne sentant pas trop la prison, mais plutôt l’hospice.

C’était mieux que ne l’espérait Éva. De plus, le nombre des détenues à la pistole étant peu considérable, elle allait être seule, momentanément du moins. Elle adressa à la supérieure un regard de reconnaissance et dit à Mme  Bertin, en s’efforçant de montrer du courage :

— Bien des malheureux qui n’ont commis aucune faute sont plus mal logés. Ne t’effraye donc pas, et laisse-moi. N’abusons pas, dès la première heure, de la bienveillance qu’on me témoigne. Retourne tranquillement rue d’Assas, et à bientôt, puisque tu pourras venir me voir demain ou après. Soigne bien Robert, embrasse-le, envoie-moi tous les matins de ses nouvelles. Tu me l’amèneras à ta première visite. Le soir, fais-lui joindre ses petites mains en lui parlant de sa mère. Priez tous les deux pour que Dieu ne m’abandonne pas !

Elle hachait ces phrases, rapidement, fiévreusement, les yeux secs, la voix sifflante, en couvrant de baisers les joues ridées de la bonne veuve, qui pleurait et ne répondait rien.

Alors la prisonnière ajouta :

— Ma sœur, je vous en prie, indiquez à ma tante par où elle doit s’en aller.

La supérieure appela une de ses religieuses, qui emmena Mme  Bertin sans qu’elle fît l’ombre de résistance. La pauvre femme n’avait plus ni force, ni vo-