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C’était M. de Tiessant qui, désirant avant tout qu’on ignorât le rôle odieux qu’il avait joué contre sa propre fille, avait décidé son gendre à donner cette forme nouvelle à sa vengeance de mari.

De cette façon, l’affaire n’étant plus que du ressort des tribunaux civils, M. Noblet éviterait le scandale d’un débat contradictoire en police correctionnelle ; il n’aurait pas à comparaître en public, à citer des témoins ou à comprendre dans sa plainte M. Gilbert Ronçay, qui, pour se défendre, n’aurait rien épargné, et serait arrivé peut-être à prouver l’innocence de celle dont on l’aurait fait le complice.

Ce fut, en effet, devant la juridiction civile que le procès s’engagea bientôt, et Me Mansart ne doutait pas de gagner sa cause, c’est-à-dire d’obtenir la séparation de corps au profit de Mme Noblet, qui avait répondu à l’accusation de son mari par une demande reconventionnelle, lorsque, à la stupéfaction de son avocat, elle lui dit, le jour où il vint s’entendre avec elle sur ses moyens de défense :

— Cher maître, démontrez seulement, je vous en prie, que je n’ai pas outragé M. Noblet en vous faisant plaider l’irrégularité de mon mariage et en refusant de retourner près de lui, mais ne répondez à sa plainte en adultère qu’en disant que je refuse absolument toute explication à ce sujet.

— Comment ! s’écria Me Mansart presque sévèrement et avec l’expression d’un profond chagrin, comment vous seriez…

— Oh ! monsieur, vous ne le pensez pas !