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Malheureusement le chef du parquet ne vint à son cabinet qu’à midi, mais lorsque Me  Mansart l’eut mis au courant des choses, il lui répondit vivement :

— Tout cela est fâcheux ! Cette arrestation peut faire grand bruit et votre jeune cliente m’intéresse beaucoup. Je vais m’en occuper tout de suite. Il se peut fort bien que M. Noblet n’ait cédé qu’à un mouvement de colère ou n’ait voulu qu’intimider sa femme. Peut-être, usant de son droit, l’a-t-il déjà réclamée ?

— Si elle n’avait affaire qu’à son mari, j’aurais cet espoir, mais c’est son père, M. de Tiessant…

— M. de Tiessant, le pamphlétaire ?

— Oui, lui-même ; et, vous le savez, c’est un homme violent, autoritaire, impitoyable !

— Personne ne peut m’empêcher de mettre Mme  Noblet en liberté provisoire, quand même son mari maintiendrait sa plainte en adultère.

— Sans doute, et c’est là ce que je viens vous demander, car j’ai la conviction, je le jurerais sur mon honneur, qu’elle n’est pas coupable. C’est une femme nerveuse, désespérée, absolument affolée par le chagrin, mais incapable de manquer à ses devoirs.

— Eh bien ! comptez sur moi. Avant d’envoyer l’affaire à l’instruction, je vais entendre Mme  Noblet. Dites à sa tante de venir l’attendre ici, dans mon antichambre. Elles s’en iront ensemble !

C’est avec ces bonnes paroles que Me  Mansart était retourné auprès de Mme  Bertin, qui se hâta de se rendre au Palais, après avoir fait part à Ronçay de l’heureux résultat des démarches de son vieil ami.