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gratitude, et elle reprit, côte à côte avec son guide, le chemin de l’infirmerie du Dépôt, où la supérieure, en apprenant qu’elle était à jeun depuis la veille, la contraignit à prendre un léger repas.

L’infortunée accepta, car elle sentait que ses forces l’abandonnaient ; mais quelques minutes plus tard, lorsqu’elle s’assit devant une petite table couverte d’une nappe bien blanche et sur laquelle on lui avait servi des œufs et du lait, elle ne put retenir ses larmes.

La jeune mère songeait à son fils ! C’était la première fois qu’elle était séparée de lui si longtemps, sans savoir même quand elle le reverrait. C’était la première fois qu’elle mangeait seule, déjà comme une condamnée, éloignée de ceux qu’elle aimait.

Aucun de ceux-là cependant ne l’oubliait.

On se souvient qu’au moment où, emmenée par le commissaire de police, Mme  Noblet disparaissait par la porte de la rue, Ronçay avait fait un mouvement pour s’élancer vers elle, mais que le docteur Bernel, qui venait d’arriver fort à propos, s’était opposé à cette imprudence de son ami. Il se chargeait, lui, que MM. de Tiessant et Noblet ne connaissaient pas, de suivre la jeune femme.

Nous savons que Raymond, en effet, était arrivé en même temps qu’elle à la Permanence. De là, il l’avait vue prendre le chemin du Dépôt, où il était entré presque sur ses pas, et comme le directeur de la prison était précisément de ses amis, nous avons dit que c’était aux explications qu’il avait données à