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brusquement sa porte et fit un pas en avant, le visage bouleversé, prêt à la délivrer par la violence si elle le voulait.

C’est en le voyant ainsi, tout à coup, quand elle s’y attendait si peu, que la pauvre femme avait éprouvé une telle émotion qu’elle s’était rejetée en arrière, ne pouvant plus se soutenir.

Mais cette défaillance, morale et physique, ne dura que quelques secondes. Ceux qui l’entraînaient s’en aperçurent à peine. Bientôt, d’un long et éloquent regard, elle supplia Gilbert, au devant de qui s’était déjà placé l’agent de la sûreté, de conserver tout son calme, et, par un effort surhumain d’énergie, elle descendit l’escalier sans l’aide de personne.

Dans la cour, elle distingua vaguement une dizaine de locataires de la maison, attirés là par la nouvelle rapidement répandue d’une descente judiciaire chez la bonne Mme  Bertin, et elle croisa, sans le reconnaître, le docteur Bernel.

Si elle avait tourné la tête, elle aurait vu le médecin courir bien vite au sculpteur, qui, de son appartement, avait gagné d’un bond le seuil de son atelier pour voir une dernière fois celle dont la justice s’emparait.

Un fiacre stationnait devant la porte de la rue. Mme  Noblet y monta, le commissaire de police prit place auprès d’elle et l’agent sauta sur le siège de la voiture, qui descendit la rue d’Assas.

Cinq minutes plus tard, elle était rejointe à l’entrée de la rue Bonaparte par le coupé de M. Bernel.