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— Ah ! oui, la réponse, c’est vrai ! fit Éva sans hésiter et la physionomie empreinte d’une résolution soudaine.

Et, rapidement, elle écrivit ces seuls mots :


« Monsieur Ronçay,

« Vous êtes un noble cœur. J’accepte votre dévouement, que toute femme serait fière d’inspirer. Si j’ai besoin d’être protégée, défendue un jour, je ne songerai qu’à vous. Merci ! »


Cela fait, elle tendit ce billet à sa vieille servante, et celle-ci courut le remettre à Pierre, qui ne fit qu’un saut du premier à l’atelier.

Cinq minutes plus tard, Mme Bertin rentrait chez elle et demandait à sa nièce, qu’elle trouvait tout en larmes :

— Qu’as-tu donc, encore, ma chérie ?

— Tiens, fit Mlle de Tiessant en lui donnant la lettre de Gilbert, lis !

Après avoir obéi, l’excellente femme s’écria :

— Brave garçon ! mais il a eu tort de t’écrire. Je le gronderai. Et c’est pour cela que tu pleures ?

— Est-ce que chacune de ces lignes ne me fait pas mieux comprendre encore toute l’étendue de mon infortune ? Ne plus avoir le droit d’aimer, à moins de vingt ans !

Vivement émue de cette forme nouvelle de l’exaltation de Mme Noblet, qui trahissait l’état nouveau de son âme, la bonne tante faillit lui répondre : « Eh !