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ment la loi, et je suis forcé de reconnaître que, le plus souvent, c’est avec bon sens et impartialité, lorsque la sotte politique ne joue pas un rôle dans l’affaire.

— Ce serait horrible !

— Tu l’aimes donc bien ?

— Si je l’aime ! Tiens ! ne parlons plus de cela. Moi, je ne veux pas désespérer déjà. Que ces huit jours vont être longs !

— Parlons-en au contraire. D’abord, ces huit jours en dureront quinze au moins.

— Comment cela ?

— Parce que bien certainement, mardi prochain, après avoir entendu l’avocat général ou son substitut, le président, s’il n’y a pas de réplique, renverra son jugement au mardi suivant. Ces deux semaines-là paraîtront interminables surtout à Mme Noblet, qui, elle, joue sa vie tout entière. Mais à propos de ta jolie voisine que tu aimes, dont tu partages si complètement les craintes et les espérances, n’est-ce pas là, de ta part, une passion un peu platonique, car enfin tu ignores si elle connaît ton amour, si elle en ressent pour toi ? À moins que tu ne m’aies caché quelque chose…

— Je te jure !

— Ne jure pas. Tu sais bien qu’il suffit que tu dises oui ou non.

— Eh bien ! je ne t’ai rien caché et c’est vrai, elle croit peut-être ne m’inspirer que de la sympathie, et moi je ne suis peut-être pour elle qu’un étranger, pour qui elle a quelque reconnaissance d’avoir pris