Page:René de Pont-Jest - Le Serment d’Éva.djvu/122

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tu aimes tant ! Je ne me le pardonnerais jamais ! » Puis, tout en pleurs, elle s’est jetée dans mes bras en ajoutant : « Je t’en prie, va le voir, dis-lui combien je suis désolée ; affirme-lui que je saurai bien jurer que c’est seulement par hasard que je l’ai rencontré, et que c’est moi qui l’ai arrêté au passage, si on ose m’interroger à ce sujet. »

— Adorable enfant !

— J’ai eu beau m’efforcer de la rassurer, lui expliquer que tout cela n’avait aucune importance, elle ne s’est un peu calmée qu’en me voyant descendre chez vous. Je ne m’attendais guère à l’y retrouver si belle, si vivante… et si aimée !

Mme Bertin avait prononcé cette dernière phrase en tournant ses yeux humides vers la « Vierge des flots », et comme Gilbert gardait le silence, elle reprit :

— Croyez-vous que si ma nièce se voyait ainsi, elle douterait un seul instant ?

— Mais cette œuvre lui demeurera toujours inconnue. Elle est destinée à mon pays natal ; aussitôt que je l’aurai exécutée en marbre, elle partira pour l’île Bourbon.

— Alors mon ami, savez-vous ce que vous devriez faire ?

— Non, dites-le moi, je vous obéirai.

— Vous devriez partir, Vous aussi.

— Partir ! moi !

— Oui. Oh ! pour quelques semaines seulement, jusqu’à ce que ce triste procès soit terminé, ce qui