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Après avoir vaillamment gagné sa croix d’officier de la Légion d’honneur sur les champs de bataille de Borny et de Gravelotte et passé six mois de dure captivité dans les forteresses allemandes, le prince Charles, comme on le nommait familièrement, avait donné sa démission et s’était retiré à Rome, où il avait de nombreuses relations de parenté.

Il vivait là depuis la guerre, les yeux fixés sur la patrie mutilée, toujours prêt à répondre à son premier appel, et, malgré la politique, qui l’avait enlevé à sa vie de travailleur et de Nemrod pour l’opposer en Corse au prince Napoléon, et même pour le substituer à celui-ci, dans l’ordre de succession au trône, au cas où le Prince impérial mourrait sans enfant mâle, il ne quittait guère l’Italie que pour aller présider à Ajaccio le Conseil général. Quand il était de retour à Rome, il redevenait bien vite l’hôte charmant et le protecteur généreux de tous les Français que leurs travaux ou leurs plaisirs amenaient dans la ville sainte.

Allié par son mariage et par les mariages de ses sœurs, femmes d’autant d’esprit et de distinction que de cœur, à la plus haute aristocratie romaine, les Ruspoli, les Gabrielli, les Roccagiovine, les Primoli, les Campello, et frère du cardinal Lucien, il mettait son influence au service de ses compatriotes. Tous connaissaient bien le chemin de sa villa, à la porte Pia.

Celui que nous présentons si brusquement à nos lecteurs se promenait donc des salles à manger de